MECANIQUE DES NOTES
Abrégé
Système mécanique destiné à conduire au loin le mouvement généré par les touches du clavier.
Dans l'orgue corse ce sont de petits rouleaux en fers forgés ronds de 4 à 5 mm de diamètre, pivotant sur eux-mêmes, munis à chaque extrémité de pliures à angle droit en forme de bras.
Ces pliures sont écrasées au marteau sur l'enclume, pour pouvoir plus facilement y percer un trou.
A ce trou sont fixés les fils de mécanique, arrivant ou partant.
Les rouleaux sont fixés par des boucles de laiton sur une planche en pin ou châtaignier.
La forme générale de l'abrégé, plus facile à appréhender lorsqu'il est extrait de son emplacement au moment d'une restauration, ressemble à une aile double.
Bras de clavier
Pièces de bois encadrant de chaque côté le clavier et parfois sujettes à l'expression d'un décor particulier (moulure ou chantournage).
Cornement
Emission sonore intempestive d'un tuyau, alors qu'aucune touche n'est abaissée au clavier.
La cause est en général :
- soit un corps étranger empêchant la bonne fermeture d'une soupape,
- soit la trop grande tension de la mécanique reliant une touche du clavier à cette soupape,
- soit une déformation de la soupape ou de son siège d'appui qui n'est plus rectiligne,
- soit un frottement excessif dans le parcours de la mécanique.
Ecrous en cuir
Petite boule de cuir dur, en général bi-sphérique, trouée et vissée sur une petite tige métallique filetée, servant au réglage de la tension d'une mécanique.
Feintes
Terme très ancien désignant ce que l'on appelle aujourd'hui les touches noires ou dièses d'un clavier.
Ce mot ne peut être dissocié de celui de naturelles, ou touches blanches.
Ils se complètent et s'expliquent mutuellement.
Il va de pair avec celui d'altération et renvoie à l'histoire de la gamme musicale et du clavier.
Leur formes sont variables : carrées ou légèrement coniques vers la haut, l'avant à angle droit ou avec une pente.
Les matières varient aussi : ébène pur ou bois dur noirci (châtaignier ou noyer ou autre fruitier), ou plaqués avec de l'os.
Fronton de touche
Désigne la partie avant d'une touche naturelle de clavier.
Quelquefois cet endroit est sans décor et l'on perçoit alors la tranche avant du bois de la touche et de son placage.
Il est le plus souvent décoré, et ce de différentes façons :
- accolade gothique creusée dans l'épaisseur du bois de la touche,
- placage de la même essence que le dessus des touches naturelles (buis, ébène, os, ivoire), soit lisse, soit animé par un demi-cercle mouluré ou un point rapporté dans un bois différent.
Jambe de chien
Pratique courante dans la tradition corse, de régler la longueur d'une liaison mécanique en fil de fer, en tordant le fil sur son parcours.
Cette attitude, comme bien d'autres, pourra apparaître pour certains, comme une déficience de savoir ou de goût, voire une paresse de bricoleur, générant parfois très vite un mépris ou seulement une condescendance.
On se gardera, venant visiter l'orgue corse, de le parcourir en transportant ses propres certitudes comme un étendard victorieux.
On prendra la peine de réfléchir un instant, au sens, à la vertu, à la grandeur de l'économie et de la simplicité entre la pensée et son incarnation dans certaines cultures dites inférieures ou maintenues comme telles.
Mouche
Rondelle fine de feutre (10 mm environ de diamètre) destinée à amortir les bruits dans le fonctionnement d'une mécanique.
On la rencontre à plusieurs endroits :
- entre l'écrou en cuir et son appui,
- entre un rouleau d'abrégé et l'appui sur sa planche.
L'orgue ancien en est la plupart du temps dépourvu. Les mécaniques étaient plus simples et les bruits mieux acceptés.
L'orgue du 19ème siècle, accueillera cet intelligent artifice, influencé en cela par la facture du piano devenu roi des instruments à cette époque.
Octave courte
Sur certains claviers, la première octave du clavier ne comporte que les notes naturelles do, ré, mi, fa, sol, la, si, et une seule altération sib.
Les do#, ré#, fa#, sol# sont absents.
Cette manière provient de l'ancienne habitude de nourrir suffisamment l'harmonie, dans la basse de l'écriture, en utilisant seulement les notes naturelles.
Pour des raisons pratiques de gain de place en longueur du clavier, le facteur a compressé la disposition des touches de cette première octave :
- le mi devient do,
- le fa reste fa,
- le fa# devient ré,
- le sol reste sol,
- le sol# devient mi,
- les la, sib et si demeurent à leur place.
Cette disposition, depuis longtemps abandonnée dans le reste de l'Europe, perdurera en Italie et en Corse, où le dernier orgue construit avec l'octave courte est celui d'I Cateri en 1902 !
L'octave courte est indispensable pour interpréter certaines oeuvres (Frescobaldi en particulier) où les écarts des notes demandés sur la partition à la main gauche ne sont pas possibles sans elle.
Placage des claviers
Les touches naturelles des claviers sont des pièces de bois recouvertes à l'avant d'une matière obéissant à deux nécessités :
- obtenir une dureté supplémentaire évitant l'usure prématurée par le toucher des doigts,
- créer un élément de décor.
Les matières utilisées ont varié avec le temps et les lieux.
En Corse on trouve l'os, l'ébène, le buis, l'ivoire.
Tirasse
Désigne la traction des notes du clavier par les notes correspondantes du pédalier.
Dans les orgues n'ayant pas de jeu propre de pédale, cet accessoire est très utile car il permet de nourrir l'harmonie dans la basse pendant que les deux mains sont employées ailleurs sur le clavier.
Elle peut être :
- soit obligée, la liaison entre le clavier et le pédalier étant permanente,
- soit au choix par une pédale spéciale (peu fréquent en Corse, mais courante sur les quelques instruments d'origine française).
Cette liaison s'effectue soit par galons de tissu, soit par fils de fer.